Intro Ecclésiaste

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Introduction Ecclésiaste

Le locuteur que l’on entend le plus souvent dans l’Ecclésiaste, qui se donne le nom de Qohéleth, exprime un scepticisme qui paraît très moderne. C’est pourquoi beaucoup se tournent vers ce livre pour y chercher de l’aide quand ils éprouvent des désillusions sur le monde et même sur Dieu.

I. Date et auteur

A. Le point de vue traditionnel identifie Salomon à Qohéleth et date le livre du Xe siècle avant Jésus-Christ.

B. Le point de vue critique situe la rédaction du livre à une période tardive dans l’histoire d’Israël (Seow date cette rédaction de la période perse, VIe s. av. J-C).

-L’argument principal qu'invoquent les critiques est celui du langage et du style. Le vocabulaire et la syntaxe de l’Ecclésiaste sont comparés à l’hébreu et à l’araméen tardifs.

B. Un autre point de vue ; Qohéleth n'est pas Salomon.

1. La déclaration de Qohéleth en 1.16, par exemple - “J’ai fait augmenter et progresser la sagesse plus qu’aucun de ceux qui ont régné avant moi à Jérusalem” – paraît étrange dans la bouche de Salomon. Après tout, seul un autre roi israélite régna avant lui à Jérusalem, David son père (Young).

-Young remarque aussi que l’usage du passé, en 1.12 “j’ai été roi d’Israël à Jérusalem”, peut difficilement convenir à Salomon, puisqu’il ne se trouva jamais dans la situation d’être âgé et de ne plus être roi.

2. De même : L’arrière-plan du livre ne convient pas à l’époque de Salomon. C’est un temps de misère et de vanité (1.2–11) ; la splendeur de l’époque de Salomon a disparu (1.12–2.26) ; un temps de mort s’est levé sur Israël (3.1–15) ; l’injustice et la violence sont présentes (4.1-3) ; la tyrannie des païens s’exerce (5.7, 9–19) ; la mort vaut mieux que la vie (7.1) ; “un homme domine sur les autres pour leur faire du mal” (8.9, Young).

3. On voit ici que deux voix s’expriment au sein du livre : Qohéleth est un second sage, le second étant la voix narrative qui fait autorité dans le livre.

-Qohéleth parle à la 1e personne lorsqu’il raconte son passé, au début et à la fin du livre, et passe à la 3e personne dans le corps du livre, lorsqu’il évalue le passé d’un point de vue présent. La seconde voix est celle d’un locuteur anonyme qui évalue les paroles de Qohéleth pour son fils.
-L’interaction entre le deuxième locuteur et son fils révèle un contexte de sagesse ; Il est donc justifié de parler à propos de ce second locuteur anonyme de “second sage ou de narrateur cadre” (Fox) qui évalue les paroles de Qohéleth pour son fils. Ainsi le livre lui-même suggère que c’est ce second sage, et non le Qohéleth, qui est l’auteur. Comme pour beaucoup d’autres livres de l’Ancien Testament, on ne connaît pas le nom de l’auteur de l’Ecclésiaste.

II. Analyse littéraire

A. Structure Le livre de l’Ecclésiaste est divisé en trois parties. 1. Il commence par un bref prologue, qui introduit certains des thèmes de la pensée de Qohéleth (1.1-11), 2. se poursuit par un long monologue de celui ci (1.12–12.8) 3. et s’achève par un bref épilogue (12.8–14).

B. Bien que la pensée de Qohéleth n’ait pas de plan détaillé, le livre se présente comme le journal de bord d’un homme en quête du sens de la vie. Il part du donné et du vécu, il observe, raisonne, expérimente, discute. Il est proche de l’homme du 20e siècle.

1. Dès le départ, l’Ecclésiaste va à l’essentiel : « Quel profit durable, permanent, quel bénéfice final l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? » (Ec 1.3).

2. Puis il examine lucidement les différents « buts de la vie » que les hommes se fixent : richesses, plaisirs, sagesse, moralité.

-Hélas, à la mort rien n’en subsiste ; les richesses ? le linceul n’a pas de poches ; les plaisirs ? qu’est-ce que cela me rapporte (Ec 2.1) ; le savoir ? « Augmentez vos connaissances, vous augmenterez vos souffrances » (Ec 1.18) ; le progrès, les « lendemains qui chantent »? -« Ce qui a été, c’est ce qui sera : ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Ec 1.9) ; la sagesse ? « Un même sort attend le sage et l’insensé » (Ec 2.14-16). Non, « tout est futile et inutile, il n’y a rien de valable et de permanent sous le soleil ». « Le bilan est déposé, il est inquiétant » (A. Malraux)

-Comme le disait Luther : « Dans cet ouvrage, Salomon décrit comment les choses se passent ici-bas sous le soleil (24x), parmi les enfants d’Adam, dans l’État, la famille et toutes les affaires du monde, » où « ici-bas » s’oppose à « là-haut ».

3. Mais, au-delà de cette vie, il est une réalité dont l’Ecclésiaste est intimement persuadé : c’est celle du jugement. C’est à la lumière de cette réalité, que l’Ecclésiaste « entend démystifier et contester toutes les consolations, toutes les recettes de bonheur avec lesquelles l’homme se rassure...

-Il refuse de croire à toutes les valeurs, les doctrines, les idoles, les hochets (illusions) auxquels les hommes vouent leur confiance... » C’est ce chapitre final qui donne au livre son unité et son « mouvement », et qui en fait le « procès des recettes habituelles du bonheur » (A. Maillot).

III. Message théologique

A. L’Ecclésiaste est un livre choquant.

1. Si l’on compare l’enseignement des Proverbes à celui de l’Ecclésiaste, on comprend pourquoi. Les Proverbes, d’un côté, célèbrent la sagesse, la famille et la durée de vie (3.13–18). Qohéleth, de son côté, dit :

Alors je me suis dit en moi-même : “puisque mon sort va être le même que celui de l’insensé, quel avantage me procure alors toute ma sagesse ?” Et j’ai conclu en moi-même que cela aussi était dérisoire. Car on ne se souviendra pas longtemps du sage, pas plus que de l’insensé et, dans les temps à venir, tous deux tomberont dans l’oubli. Car le sage mourra aussi bien que l’insensé (Ec 2.15s). Un homme peut avoir cent enfant et vivre de longues années, mais quelques nombreux que soient les jours de son existence, s’il n’a pas joui du bonheur, et s’il n’a même pas de sépulture, je dis qu’un enfant mort-né a un sort meilleur que le sien (Ec 6.3).
De plus, certains de ses conseils paraissent tout à fait discutables : Ne sois pas juste outre mesure et ne sois pas trop sage, pourquoi te détruirais-tu ? Ne sois pas non plus méchant outre mesure et ne sois pas insensé, pourquoi voudrais-tu mourir avant ton heure ? Tu feras bien de prendre garde à l'un comme à l’autre ; oui, celui qui respecte Dieu suivra ces deux conseils (Ec 7.16–18).

2. Il y a ensuite les refrains qui résonnent à nos oreilles au fil du livre : “courir après le vent”, “quel avantage y a-t-il ?” Le refrain le plus fréquent qui paraît le plus sceptique de tous, est celui qui encadre le discours de Qohéleth (1.2 ; 12;8) : “Futilité complète… Futilité complète, tout n’est que futilité !” (NBS).

B. Puis, de temps en temps, Qohéleth introduit la perspective de l’action divine dans son discours et sa perspective change alors :

1. la terminologie servant à décrire la condition de l’homme “sous le soleil” passe au second plan et disparaît (2.24–26 ; 11.1–12.14) et il se met à parler de la main de Dieu (2.24), de joie pour l’homme (2.25 ;3.12 ; 5.17, 19 ; 9.7 ; 11. 7-9) et de la générosité divine (2.26 ;3.13 ; 5.18). 2. Il démontre ainsi combien la vie en dehors de la foi est vide et sans sens. Ses réflexion pessimistes débouchent sur des invitations à adopter une toute autre optique et à trouver joie et but dans l’existence en tenant compte de Dieu.

C. En 12.12, le texte ne signifie pas qu’il “est inutile de faire un grand nombre de livres”, mais bien plutôt que la rédaction de nombreux livres est une activité sans fin. L’auteur veut dire qu’on pourrait continuer à disserter éternellement sur l’existence humaine comme l'a fait le Qohéleth, mais qu’il faut bien s’arrêter un moment pour vivre cette existence.

IV. Écho testamentaire

A. L'Ecclésiaste n’est jamais cité dans le NT, mais on trouve une allusion à son message en Rm 8.18–22 : J’estime d’ailleurs qu’il n’y a aucune commune mesure entre les souffrances de la vie présente et la gloire qui va se révéler en nous. C’est en effet cette révélation des fils de Dieu que la création attend avec un ardent désir. Car la création a été soumise au pouvoir de la fragilité ; cela ne s’est pas produit de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise. Il lui a toutefois donné une espérance : c’est que la création elle-même est délivrée de la puissance de la corruption qui l'asservit pour accéder à la liberté que les enfants de Dieu connaîtront dans la gloire.

Le mot traduit ici par “fragilité” est celui qui est utilisé dans la LXX (AT en grec) pour traduire le slogan de l’Ecclésiaste, “vanité” (ou “futilité”).

D. Lorsque l’on se tourne vers le NT, on se rend compte que Jésus-Christ est celui qui nous sauve de la vanité, de la futilité dont souffre Qohéleth. Jésus est le fils de Dieu, mais il n’en a pas moins fait l’expérience de la futilité du monde pour pouvoir nous en libérer.

1. Alors qu’il était sur la Croix, son propre Père l’a abandonné. Là, il connut la frustration d’un monde vivant sous la malédiction à un point tel que Quohéleth n'aurait pas même pu l’imaginer. « Le Christ nous à libérés de la malédiction que la Loi faisait peser sur nous en prenant la malédiction sur lui, à notre place » (Gal 3.13).

2. En conséquence, les chrétiens peuvent faire profondément l’expérience du sens, précisément dans les domaines où Qohéleth se sentait le plus accablé. Jésus a rendu du sens à la sagesse, au travail, à l’amour et à la vie. Après tout, en faisant face à la mort, Jésus a vaincu la plus grande crainte de Qohéleth, il a montré que la mort n’était pas la fin de tout sens mais l’entrée dans la présence même de Dieu.

En conclusion, Qohéleth dépeint la réalité telle qu'elle est pour ôter aux croyants leurs illusions, notamment l’illusion sur laquelle la foi permettrait d’échapper aux vicissitudes de la condition humaine, pour les inviter au réalisme et leur donner des conseils pour vivre en ce monde tel qu’il est de façon responsable et mûre.

Il ne voit cependant pas la vie tout en noir. Des refrains invitant à saisir différentes joies que la vie apporte jalonnent tout le discours. Ils soulignent que la vie apporte aussi beaucoup de choses bonnes, que celles-ci sont un don de Dieu, et donc qu'en fin de compte, la vie est belle et vaut la peine d’être vécue.

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