Introduction au Cantique des cantiques

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Introduction

A. L’histoire de l’interprétation du Cantique des cantiques est fascinante (Longman, 2001). On peut probablement dire qu’aucun autre livre biblique n’a fait l’objet de lectures si différentes au fil de l’histoire. Au Moyen-Âge, bien peu auraient interprété le livre en rapport avec la sexualité humaine. D’ailleurs, il aurait été dangereux de le faire, car cela aurait pu conduire à l’excommunication ou pire (Pope, 1977).

B. Aujourd’hui, la plupart des chrétiens trouvent ce genre d’approche naturelle et raisonnable. Mais a-t-on raison d’interpréter le Cantique des cantiques de cette manière “non théologique” ? Que fait dans le canon un livre qui a des connotation aussi clairement érotique ?

I. Vue d’ensemble

A. But : exprimer l’amour entre époux afin de démontrer la sainteté du mariage et d’illustrer l’amour de Dieu pour son peuple.

B. Auteur : Salomon.

B. Auteur : Salomon.

B. Auteur : Salomon. 1. Il faut également signaler les études récentes qui ont cherché à donner à l’auteur des Cantique des cantiques du cantique des cantiques une voix féminine. a) Les exégètes concernés font remarquer que la voix de la femme domine le livre (Brenner). Cette approche n’est pas seulement défendue par des femmes ; Lacocque cite Landy pour qui “l’auteur du Cantique était une poétesse dont l’intention était de faire “un pied de nez” à tous les puritains”. En d’autres termes, le Cantique aurait été écrit par une femme qui cherchait à résister aux normes sociales, et en particulier à l’idée selon laquelle les femmes devaient être destinataires et non initiatrices de l’amour. b) Clines, qui propose toujours des lectures à contre-courant, s'oppose à cette tendance croissante à attribuer le Cantique des cantiques à une femme. Il pense que la femme du Cantique est la femme parfaite, d’un point de vue masculin, qui correspond au rêve de la plupart des hommes, et donc le produit d'une plume masculine. c) Ce débat à propos de l’auteur du Cantique nous en apprend davantage sur les commentateurs que sur le livre. Il repose sur une théorie de la littérature et du sexe qui considère que les femmes et les hommes sont enfermés dans leurs rôles lorsqu’ils écrivent. C. Date de rédaction : probablement au début du règne de Salomon. D. Contexte : Israël, le jardin de la Sulamite et le palais du roi E. Verset clé : Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi. Il a conduit son troupeau parmi les lys (6.3). F. Personnages clé : le roi Salomon, la Sulamite et les amis

1. Il faut également signaler les études récentes qui ont cherché à donner à l’auteur des Cantique des cantiques une voix féminine.

a) Les exégètes concernés font remarquer que la voix de la femme domine le livre (Brenner). Cette approche n’est pas seulement défendue par des femmes ; Lacocque cite Landy pour qui “l’auteur du Cantique était une poétesse dont l’intention était de faire “un pied de nez” à tous les puritains”. En d’autres termes, le Cantique aurait été écrit par une femme qui cherchait à résister aux normes sociales, et en particulier à l’idée selon laquelle les femmes devaient être destinataires et non initiatrices de l’amour.
b) Clines, qui propose toujours des lectures à contre-courant, s'oppose à cette tendance croissante à attribuer le Cantique des cantiques à une femme. Il pense que la femme du Cantique est la femme parfaite, d’un point de vue masculin, qui correspond au rêve de la plupart des hommes, et donc le produit d'une plume masculine.
b) Clines, qui propose toujours des lectures à contre-courant, s'oppose à cette tendance croissante à attribuer le Cantique des cantiques à une femme. Il pense que la femme du Cantique est la femme parfaite, d’un point de vue masculin, qui correspond au rêve de la plupart des hommes, et donc le produit d'une plume masculine.
c) Ce débat à propos de l’auteur du Cantique nous en apprend davantage sur les commentateurs que sur le livre. Il repose sur une théorie de la littérature et du sexe qui considère que les femmes et les hommes sont enfermés dans leurs rôles lorsqu’ils écrivent.
c) Ce débat à propos de l’auteur du Cantique nous en apprend davantage sur les commentateurs que sur le livre. Il repose sur une théorie de la littérature et du sexe qui considère que les femmes et les hommes sont enfermés dans leurs rôles lorsqu’ils écrivent.

C. Date de rédaction : probablement au début du règne de Salomon.

D. Contexte : Israël, le jardin de la Sulamite et le palais du roi

D. Contexte : Israël, le jardin de la Sulamite et le palais du roi

E. Verset clé : Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi. Il a conduit son troupeau parmi les lys (6.3).

E. Verset clé : Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi. Il a conduit son troupeau parmi les lys (6.3).

F. Personnages clé : le roi Salomon, la Sulamite et les amis

F. Personnages clé : le roi Salomon, la Sulamite et les amis

II. Analyse littéraire

C. Mais a-t-on raison d’interpréter le Cantique des cantiques de cette manière “non théologique” ? Que fait dans le canon un livre qui a des connotation aussi clairement érotique ?

A. Genre littéraire ; à cause de l’histoire de l’interprétation du livre, deux questions distinctes doivent être abordés dans l’étude du genre littéraire du Cantique des cantiques. Premièrement, le livre est est-il une œuvre dramatique ou bien un recueil de poèmes d’amour ? Deuxièmement, et cette question n’est pas son rapport avec la première, le livre est-il une allégorie ?

- 1. Si l’on présuppose l’approche dramatique, il est difficile de définir le nombre de personnages qu’exige le texte. Et même si l’on peut répondre à cette question, il demeure difficile de répartir précisément les différents discours entre les différents personnages.

a) La première approche repère dans l’histoire deux personnages : Salomon et la Sulamite, le bien-aimé et la bien-aimé. Ils ne sont interrompus que par des filles de Jérusalem qui font office de chœur.
L’intrigue repose sur l’amour du roi et de la jeune femme. Celle-ci est habituellement dépeinte comme une belle “jeune fille de la campagne” (Delitzsch). Elle s’est emparée du cœur d’un roi qui est au contraire urbain et raffiné. Celui-ci est incapable de lui résister. L’histoire avance de leur première rencontre et de leurs expressions d’affection jusqu’au mariage (souvent placé en 3.6-5.1).
La relation connaît quelques tourments suite au mariage, mais en fin de compte (8.5–14), leur attachement demeure profond et solide. Le Cantique possède ainsi une intrigue unifiée, qui raconte l’amour purifiant de Salomon et de la Sulamite ; Salomon renonce au monde de la polygamie et de l’amour sophistiqué pour se tourner vers la monogamie et l’amour simple d’une fille de la campagne.
b) Les partisans d’une approche à trois personnages (Godet, Ginsburg...) détectent dans le Cantique un triangle amoureux. Salomon et la Sulamite demeurent les principaux personnages, mais on ne considère plus que la jeune femme est amoureuse de Salomon.
Elle est au contraire amoureuse d’un jeune homme de la campagne, souvent présenté comme un berger. Salomon, l’apostat effronté et polygame, à enlevé la Sulamite, avec indélicatesse et concupiscence, afin de l’ajouter à son harem. Mais elle demeure fidèle et pure, et garde son fervent amour pour le berger. Ainsi, le Cantique célèbre l’amour véritable, contre l’amour contraint (Provan).
c) L’approche dramatique ne convainc pas parce qu’elle n’est pas en mesure de démontrer l’existence d’une structure narrative. Le fait que les partisans de l’approche dramatique ne puissent s’accorder entre eux sur le nombre de personnages du livre en est l’illustration.
Le livre ne se lit pas comme un récit qui, à partir d’une introduction, avancerait jusqu’à son point culminant, puis se conclurait. On peut cependant relever des éléments de continuité, dans les thèmes et les personnages, même si ces derniers présentent certaines ambiguïtés. Les interprètes, qui s’éloignent aujourd’hui de l’approche dramatique, se rapprochent de l’idée d’un recueil de poèmes d’amour, ou d’une anthologie érotique.

-2. Poèmes d’amour ; les parallèles récemment mis en lumière entre le Cantique des cantiques et la poésie d’amour, antique et récente, ont contribué à l’adoption de ce genre littéraire. John White et Michael Fox, par exemple, ont relevé de nombreux parallèles entre le Cantique et la poésie d’amour égyptienne, dans le fait d’appeler la bien-aimée “ma sœur, ma fiancée”.

a) Maria Falk, dans son livre “Love lyrics from the Bible”, analyse le Cantique comme un recueil de 31 poèmes, qui ne possèdent pas d’unité narrative mais des liens thématiques. Elle applique ensuite au livre une analyse littéraire qui en relève les images plutôt que de lui imposer une intrigue. Plus récemment, Longman a analysé le Cantique comme un recueil de 23 poèmes.
b) La faiblesse de cette interprétation du Cantique, comme Folk et Longman l’admettent, est qu’il n’est pas possible de démontrer de façon concluante que le livre contient exactement 23 ou 31 poèmes. Mais il n’est pas indispensable de trancher pour pouvoir interpréter le livre. Le Cantique, après tout, est un Cantique des cantiques – c’est-à-dire qu’il contient de nombreux poèmes, mais il possède aussi une cohérence de thèmes et de nature, qui lui donne une certaine forme d’unité, laquelle n’est pas d’ordre narratif.
c) Mais il n’est pas indispensable de trancher pour pouvoir interpréter le livre. Le Cantique, après tout, est un Cantique des cantiques – c’est-à-dire qu’il contient de nombreux poèmes, mais il possède aussi une cohérence de thèmes et de nature, qui lui donne une certaine forme d’unité, laquelle n’est pas d’ordre narratif.
c) Hess a récemment cherché à démontrer que la cohérence du Cantique était telle qu’il ne fallait pas parler d’un recueil mais d’un seul poème d’amour. Sur la base de l’analyse interne et des données comparées, il vaut donc mieux conclure que le Cantique des cantiques est un recueil de poésie qui célèbre l’amour qu’un homme et une femme éprouvent l’un pour l’autre. C’est sur cette base que nous interpréterons le livre.

B. Le Cantique des cantiques a été lu comme une allégorie (narration mettant en œuvre des éléments concrets, chaque élément correspondant à un contenu abstrait) pendant de nombreux siècles (Pope).

1. L’allégorie fut l’approche majoritaire, voire unique, du livre dans les cercles juifs comme chrétiens, jusqu’à très récemment.

a) Les érudits juifs interprétaient le livre comme une allégorie de l’amour de YHWH et d’Israël ; ce texte est interprété comme une référence à l’Exode. Dieu fait sortir Israël de l’Égypte et le fait entrer dans ses appartements – c’est-à-dire le pays promis. On trouve une autre allégorie chez les mystiques juifs, qui virent dans le bien-aimé et la bien-aimée les aspects actifs et passifs de l’esprit. L’union des deux représentent l’extase de l’union mystique des deux aspects de l’intellect.
b) L’interprétation chrétienne ancienne fut également allégorique. Cyrille d’Alexandrie : Car mon bien-aimé est pour moi comme un sachet de myrrhe, entre mes seins il passera la nuit. (1.13). Les seins symbolisent l’Ancien et le Nouveau Testament, le sachet de myrrhe étant le Christ, qui “se repose entre les deux Testaments”.
Lu d’un point de vue allégorique, ce texte est interprété comme une référence à l’Exode. Dieu fait sortir Israël de l’Égypte et le fait entrer dans ses appartements – c’est-à-dire le pays promis. Il existe aussi d’autres types d’allégories juives à propos du Cantique. Les mystiques juifs, par exemple, virent dans le bien-aimé et la bien-aimée les aspects actifs et passifs de l’esprit. L’union des deux représentent l’extase de l’union mystique des deux aspects de l’intellect.
c) Si l’on veut évaluer l’approche allégorique, il faut se demander ce qui la motive. Il y a, par exemple, l’utilisation du mariage comme image de la relation entre Dieu et son peuple dans d’autres textes de l´AT. Cette image est négative ; lorsque le peuple de Dieu se rebelle et se tourne vers d’autres dieux, il commet l’adultère contre son Dieu (Osée 1-3).
).
d) Cette image récurrente du mariage nourrit notre compréhension du livre (voir infra MT), mais n’exige pas une forme d’approche allégorique qui ignorerait les références physico-humaines des images du livre. En fait, rien, dans le livre, ne suggère une interprétation qui viendrait transférer le sens du langage clairement érotique du livre vers le domaine spirituel.

2. Pourquoi, alors, l’Église a-t-elle presque toujours défendu ce type de lecture au fil de son histoire ?

a) On trouve une réponse partielle à cette question dans le fait que l’Église ancienne et la synagogue avait subtilement intégré certains modes de pensée hellénistiques ; le corps et ses activités ont été conçus comme temporaires, pêcheurs et mauvais. L’abstinence sexuelle a ainsi été considérée comme une vertu, point de vue qui atteint son point culminant dans le mouvement monastique. Dans cet environnement intellectuel, lire le Cantique comme de la poésie érotique, qui fait de toute évidence ses délices du plaisir physique, aurait été gênant.
b) Origène fit au Cantique des cantiques ce qu’il avait fait à son propre corps : “il le dénatura et le transforma en une œuvre dramatique spirituelle, libre de tout élément charnel”. Pope reproduit aussi une lettre écrite par Jérôme à Laeta, l’une de ses disciples, concernant l’éducation qu’il convenait qu’elle donne à sa fille sont les Écritures. Il lui conseille :
...Qu’elle apprenne en premier lieu le psautier, que par les Psaumes elle se détourne des chansons, et que les Pr de Salomon l’instruisent pour la vie. Que dans l’Ecc elle s’habitue à fouler aux pieds les choses du monde. Au livre de Job, qu’elle s’attache aux exemples de courage et de patience. Qu’elle passe ensuite aux Évangiles que ses mains ne devront jamais quitter ; qu’elle s’abreuve aux Actes et aux Épîtres avec toute sa bonne volonté ; puis lorsque de tous ces trésors, elle aura enrichi le cellier de son cœur, qu’elle confie à sa mémoire les Pro et l’Heptateuque, ensuite1 & 2 R et 1 & 2 Ch, les volumes d’Esd et d’Est ; en dernier lieu, elle pourra sans danger étudier le Ct. Si elle débutait par cette lecture, elle risquerait que son âme soit blessée faute de comprendre des noces spirituelles que recèlent des expressions charnelles.
On peut noter chez Origène et Jérôme une forte tendance à séparer le spirituel du physique d’une manière qui allait influencer l’interprétation du Cantique des cantiques dans l’Église pendant des siècles, l’éloignant d’une approche naturelle et la rapprochant d’une approche allégorique. D’ailleurs, la tendance fut si forte qu'aujourd’hui encore, on continue à l’entendre fréquemment du haut de la chair et bon nombre des laïcs étudiant la Bible la considèrent comme correcte.
c) C’est au XIXe siècle que le vent commença à tourner pour l’approche allégorique. Wetzstein, le consul allemand de Damas, fit connaître son étude des chants de mariage des habitants arabes de Syrie. Ceux-ci comportaient aussi de fortes ressemblances avec les poèmes du Cantique des cantiques, en particulier le wazf qui célébrait la beauté physique de la fiancée et du fiancé :
Moi : Ô la belle, tes attraits, je ne serais jamais capable de tous les décrire, je ne vais dépeindre que ceux que mes yeux m’autorisent à voir. Sa tête est comme la coupe de cristal, ses cheveux comme la nuit noire, Sa chevelure noire est pareille aux sept nuits, comme il n’y en a pas de semblable dans toute l’année ; En vague elle ondule ça et là, comme la corde de celle qui puise l’eau, Et ses mèches exhalent toutes sortes de parfums qui me font atrocement souffrir… Ces parallèles et beaucoup d’autres analogues balayèrent l’approche allégorique et conduisirent à ce que le Cantique des cantiques soit interprété comme un recueil de poèmes d’amour célébrant la sexualité et l’amour intime d’un homme et d’une femme comme un don de Dieu.

C. En tant que poème qui reflète l’expérience humaine, le Cantique des cantiques fournit un exemple supplémentaire de la littérature de sagesse de la Bible.

Ces parallèles et beaucoup d’autres analogues balayèrent l’approche allégorique et conduisirent à ce que le Cantique des cantiques soit interprété comme un recueil de poèmes d’amour célébrant la sexualité et l’amour intime d’un homme et d’une femme comme un don de Dieu.

1. Comme les Pr, il ne laisse que peu de place à la relation d’alliance avec Dieu à l'histoire de la rédemption, et même à tout discours directement adressé à Dieu. Il est frappant de constater que le nom de Dieu n’apparaît pas dans le livre (sauf en 8.5). Cependant, interprété dans le contexte du canon, il fournit un apport et un enseignement divins sur un domaine important de l’expérience humaine : la sexualité.

2. Une question se pose ici : quel est le rapport entre le livre et le mariage ? Le livre ne dit nulle part que le bien-aimé et la bien-aimée sont mariés. Le contexte canonique du livre oblige cependant à conclure qu’un poème décrivant une activité sexuelle aussi intense entre deux personnes exige que l’on suppose qu’elles soient mariées (Childs). En d’autres termes, le Cantique doit être interprété dans le contexte de la Loi de Dieu, qui interdit toute forme de relation préconjugale ou extraconjugale.

III. Message théologique

A. L’analyse du genre littéraire conduit à ce que l’on pourrait considérer comme une conclusion négative concernant le message théologique du livre.

1. Le but premier du livre n’est pas de dépeindre la relation entre Dieu et son peuple, mais plutôt de célébrer l’amour sexuel d’un homme et d’une femme. Ce message est tout aussi important aujourd’hui qu’il l’a été par le passé.

2. La société et l’église ont souvent perverti la sexualité humaine ; il est donc important de rappeler que la sexualité, dans le cadre du mariage, est un don de Dieu.

3. La perversion de la sexualité peut prendre deux formes.

a) D’un côté, notre société en fait une idole. Quelle que soit la forme que prend la sexualité, - hétérosexuelle, homosexuelle, adultère – notre société promeut l'idée selon laquelle une vie qui n'aurait aucune forme de stimulation sexuelle serait ennuyeuse, voire dénuée de sens. Beaucoup ont rejeté le Créateur et ont tenté de remplir le vide laissé dans leur vie par des relations sexuelles.
b) D’un autre côté, l’église, à certaines époques, a perverti la sexualité en en faisant quelque chose d’impur ou de tabou. Il existe toujours un parti pris contre le corps dans de nombreuses parties de l’église, qui suggère que la sexualité est quelque chose de vil ou de mauvais, même dans le contexte du mariage.

B. Le Cantique des cantiques apporte un correctif canonique à la perversion de la sexualité.

Il nous rappelle qu’elle est bonne et agréable. Elle n’est pas mauvaise lorsqu'elle se situe dans le cadre du mariage. La plus grande partie du Cantique consiste donc en une célébration de l’amour physique. De plus, Schwab nous rappelle qu’on peut entendre ce qu’il appelle une note d’avertissement dans le Cantique. Dans le temps présent, les relations intimes n’iront pas sans difficulté, et certains des poèmes (voir 5.2-6.3) montrent que l’amour peut apporter la peine comme la joie.

C. Cependant, contrairement à ce qu’ont suggéré certaines études récentes, le Cantique est davantage qu’un manuel de sexualité canonique. Le livre contribue à l’élaboration d'une théologie biblique de la sexualité.

1. Le jardin du Cantique (2.3-13 ; 4.12-5.1 ;5.2-6.3, 11 : 7.11-14 ; 8.13–14) doit nous rappeler le jardin des d’Éden.

a) raconte histoire de la création de la femme, et la relation intime qui en résulte entre elle et l’homme. Cette intimité reçoit une signification sexuelle au verser 25, qui déclare : l’homme et sa femme étaient tous devenu nus sans en éprouver aucune honte. b) Cependant au chapitre suivant, Adam et Ève cèdent à la tentation du serpent. En conséquence, la relation harmonieuse qui existait entre Dieu et eux est perturbée. De plus, le péché éloigne Adam et Ève l’un de l’autre. Cette désunion prends une coloration sexuelle en 3.7 : Aussitôt, les yeux de tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. Alors ils se firent des pagnes en cousant ensemble des feuilles de figuier.

2. Lorsque l’on ouvre le Cantique des cantiques, on voit l’homme et la femme dans le jardin, nus, qui ne ressentent aucune honte. Comme l’écrit Trible, “le Cantique des cantiques répare une histoire d’amour qui avait mal tourné”. Le livre dépeint le rétablissement de l’amour humain dans sa félicité antérieure à la chute. 3. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Si le livre fait premièrement référence à la sexualité humaine, il nous parle aussi de la relation avec Dieu. Bien que Dieu ne soit jamais mentionné dans le livre, la métaphore du mariage est très présente dans l’AT. Dieu a fait avec son peuple une alliance qui ressemble beaucoup à l’alliance du mariage : Elle promet et exige un attachement exclusif, alors qu’Israël commet l’adultère contre son Seigneur. Le peuple cherche en effet à divorcer (Ézékiel 16 ; 23 ; Osée 1-3).

IV. Écho néotestamentaire

A. Le NT utilise la même métaphore de façon positive. Ép 5.22–33 enseigne que la relation d’un homme et d’une femme est analogue à la relation de Jésus et de l’Église ;

31 Comme il est écrit : “C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront un seul être.” 32 Il y a une grande vérité cachée dans ce passage. Je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église.

B. L’intimité du mariage représente l’intimité de l’amour de Dieu pour nous. Il n’est donc pas inapproprié de lire le Cantique des cantiques comme un poème méditant sur la relation de Dieu et de son peuple, dans la mesure où l’on ne supprime pas sa référence première à la sexualité humaine.

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